Qui pourra m’expliquer pourquoi on pense toujours à Clairemarie Osta et Nicolas Le Riche avec une sorte de pincement au cœur ? Peut-être parce qu’ils ont traversé la première partie de leur vie avec une sorte de double sincérité, vis-à-vis d’eux-mêmes et vis-à-vis du public. Ils ont toujours caché, ignoré l’insignifiant, montré seulement l’essentiel, le talent.
Cairemarie et Nicolas conservent tout, avec patience et tranquillité, dans un ordre plus ou moins désordonné.
Décision a été prise, on cherche, on trie, on montre, quelques-uns de nos souvenirs.
Des costumes de scène, des films, des lettres, des photographies.
On devine quels sont les rôles qui les ont marqués.
Nicolas, le travail avec Roland Petit, surtout le Jeune homme et la Mort, dont on voit la montre de scène, précieusement conservée.
Clairemarie, se souvient avec émotion de la Manon de MacMillan, rôle qui lui valut tant d’éloges. Le destin est parfois farceur. À 14 ans, au lycée de Nice, (et oui, je me souviens bien l’avoir remarqué au conservatoire de Nice, dans la classe de Janine Monin !), Clairemarie fait un devoir en vers, à la demande de son professeur de français, sur la Manon Lescaut de l’abbé Prévost.
Nous pouvons lire et admirer ce devoir !
Doux, naïf, réfléchi, tranquille et appliqué,
Il montrait pour le vice et pour l’impureté
Une forte aversion.
Pour ceux qui comme moi ne les ont jamais vus danser à l’Opéra, c’est une sorte d’aventure à la Jules Verne, la découverte d’une île mystérieuse.
Finalement, le plus beau des trésors, n’est-ce pas cette belle entente, cet amour sans faille, que rien n’est jamais venu interrompre, dans ce petit milieu de la danse si ingrat et inhumain ?
Michel Odin
Tout ceci est exposé jusqu’au 29 mai à la Galerie Éléphant Paname, 10 rue Volney, 75002 Paris