Il y a dans la vie des moments de grâce, de pure beauté, qui vous laisse hors du temps, comme en apesanteur ! C’est ce qu’ont vécu tous les spectateurs lors du dernier gala de l’Académie Méditerranéenne de Danse, dirigée par Mitou Manderon et Thierry Le Floc’h ! Ces deux étoiles du Ballet National de Marseille Roland Petit, avaient choisi ce ballet du répertoire comme un clin d’oeil à leur fille, Diane, nommée première danseuse en décembre dernier au Grand Théâtre de Bordeaux, à l’issue d’une représentation de ce ballet.
Suivant la trame de l’histoire de Charles Perrault, sur la musique de Tchaikowsky, Thierry Le Floc’h l’a adapté pour son école de danse : chaque classe représente les personnages de l’histoire avec une chorégraphie adaptée à leur niveau. Ainsi, les tout-petits du cours Initiation, par exemple, symbolisent avec candeur, les Dragées, le cours de classique 1, les Villageois tandis que le cours de Gym adulte illustrent la Cour et le niveau 3 interprète le Ballet des Cerceaux.
Ballet en 3 actes et un prologue, le spectacle de Thierry Le Floc’h est tout simplement féerique et poétique.
Les costumes sont merveilleux, les décors très glamour, les élèves extrèmement motivés et parfaitement dans leur rôle avec une joie de danser communicative.
Une grande fête de la Danse autour de Diane et de son partenaire, Neven Ritmanic, le Prince Désiré. Rien ne fut oublié, ni le Roi, ni la Reine qui avaient pris les traits de Mitou Manderon et Thierry Le Floc’h, ni la cour avec le Majordome, Antoine Bonelli, de belle stature et altier. Divine et enchanteresse, la Fée Lilas avait toute la finesse et la joie de vivre de Jaquine Le Huche, étoile et professeur à l’Académie. Théâtrale, impressionnante, Camille Lebesgue donna à la Fée Carabosse, l’amplitude et la noirceur de son personnage ! Cette ballerine du Grand Théâtre de Bordeaux fut sublime, par sa technique, son interprétation et cette force maléfique qu’elle dégagea ! Les Fées des 4 Saisons (Kassandra De Pao, Chloé D’Ercole, Marie Gibaud et Marine Nottet), chacune à leur façon et ensemble, au travers de leurs jeux de bras, de tours, d’arabesques, de mouvements répétés, exprimèrent la protection, les dons offerts à la jeune princesse. Le chapitre des contes de fées fut tout aussi enchanteur dont le pas de deux de l’Oiseau Bleu et de la princesse Florine, merveilleusement dansé par Fabio Lopez et Marine Gibaud qui se révèle de plus en plus ; celui du Chaperon Rouge (Chloé d’Ercole) et du loup (Raphaël Gouin) ne manquait ni d’humour, ni de talent, celui de Cendrillon (Emma Bolikian) et du prince Fortuné (Christian Talma) fut tout à fait charmant, Jasmine (Kassandra De Pao) et Aladin (Bruno Philibert), ne déméritèrent pas non plus. Marine Nottet, toujours égale et habitée, sut apporter à Peau d’âne ce petit supplément d’âme … Bien d’autres personnages, Pocahontas (Kimmy De Pao), Alice au Pays des Merveilles (Anastasia Kobylyatska),la Petite Sirène (Inès d »Arras), Blanche Neige (Kloé De Pao) ou La Belle (Anne Sophie de Ronchy) et la Bête (Pierre Plane), issues d’autres légendes vinrent avec faste célébrer le mariage d’Aurore et de son Prince. Moment de grâce, l’adage d’Aurore et du prince Désiré ! Diane Le Floc’h est un pur diamant ! Gracieuse, souriante, dotée d’une belle énergie et d’une joie de vivre pétillante, elle danse comme elle respire, faisant fi de tous les pièges techniques ! Difficile de trouver les mots pour qualifier la qualité de sa danse, de son interprétation, si ce n’est exceptionnelle ! Son partenaire, Neven Ritmanic, lui répond avec le même enthousiasme, éblouissant techniquement, prenant tous les risques avec une aisance déconcertante, se révélant un partenaire très attentif. Un couple aussi brillant, investi, heureux de partager leur art, vous pose sur un petit nuage !
Un grand absent sur scène qui nous a beaucoup manqué : Ludovick Le Floc’h, aujourd’hui au Ballet de Lyon. Il était certes dans la salle pour soutenir et applaudir l’Académie de ses débuts , ses parents, Diane, sa soeur et son partenaire qui ont contribué ce soir là à nous faire vivre un conte plus que merveilleux !…
Monique Lerouvillois