Elisabetta Terabust nous a quittés ce matin, 5 février, à 9 h 30, après une longue maladie supportée avec courage et humilité.
Née à Varèse le 5 août 1946, elle était entrée très jeune à l’école de danse de l’Opéra de Rome dans les années cinquante, avant de se faire engager dans la compagnie où elle fut nommée soliste en 1966 et Etoile en 1972. Elle danse beaucoup de ballets classiques et néo-classiques et travaille avec Aurel Milloss, chorégraphe d’origine hongroise, en ces temps chorégraphe quasi officiel de l’Italie, aujourd’hui tombé dans un oubli définitif ; il dirigea le ballet de Rome de 1966 à 1969. Elisabeth travaille beaucoup avec le maître Zarko Prebil, qui était maître de ballet à l’Opéra de Rome, et lui apporte beaucoup. Chaque année, elle devient davantage célèbre en Italie, surtout lorsqu’elle danse Giselle avec Noureev.
Elisabeth se fit connaître en France dès qu’elle eut rejoint le Royal Festival Ballet dont elle fut l’une des plus brillantes Étoiles en 1973. Ces années-là, beaucoup de balletomanes parisiens faisaient alors régulièrement la traversée pour Londres, à la recherche des Etoiles du Royal Ballet et du London Festival Ballet.
Elle eut souvent comme partenaire Peter Schaufuss, qui l’invita à danser avec lui le Napoli de Bournonville au Ballet National du Canada en 1981.
Puis Roland Petit la remarqua et l’invita régulièrement au Ballet de Marseille où elle dansa la plupart de ses ballets : Coppélia, Le Loup, L’Arlésienne, Carmen, Notre Dame de Paris et surtout Charlot danse avec nous, (1991) qu’elle présenta en tournée dans la plupart des villes d’Italie.
De 1990 à 1992, elle accepta la direction artistique du Ballet de Rome, où elle invita son ancien Maître Zarko Pebril pour donner de cours et remonter cette belle production de Casse Noisette dont je me souviens bien. Une foisla danse quasi abandonnée, elle dirigea le Ballet de la Scala par deux fois, 1993 à 1997, et 2007 à 2009, le Ballet du Mai musical Florentin de 2000 à 2002 et le San Carlo de Naples de 2002 à 2006.
Restent très précis en ma mémoire deux personnages complètement différents : la danseuse, alerte, gaie, pimpante, avec cette simplicité à l’italienne qui cachait une impeccable technique et la directrice de compagnies, très forte au moment du travail, mais toujours un peu désabusée, parfois même triste, lassée, prise en otage entre les complications de l’administration, et cette danse qu’elle avait tant aimée, et qui n’était plus dans son corps.
Peu à peu, le vingtième siècle de la danse s’en va. Qu’en restera-t-il dans quelques années ? Qui s’y intéressera ? À partir du moment où de nouvelles générations de danseurs enthousiasmeront les foules, cet oubli ne sera pas à regretter, puisqu’il aura été comme le terreau de cette nouvelle fertilité. Michel Odin